samedi 2 avril 2011

La ''fessée''

La ''fessée''
 
À l'occasion du trentième anniversaire de l’abolition des punitions corporelles en Suède, le Conseil de l’Europe a lancé en 2008 une campagne intitulée "Lève la main contre la fessée", celle-ci étant considérée comme un châtiment corporel.

"Fessée ?"
Plusieurs personnalités comme Mikhaïl Gorbatchev (un ex-communiste), Claudia Cardinale (une mère dont le fils est né d’un viol), le prince Felipe de Bourbon et la reine Silvia de Suède (des "nobles" qui se vouvoient avec leurs enfants) ont signé une pétition européenne en faveur de l'interdiction de la fessée sur les enfants.

En France le député UMP Edwige Antier, pédiatre de formation, a voulu inscrire l'interdiction de la fessée dans le code civil en proposant une loi dans ce sens en 2010. Aux yeux de Mme Antier, " plus on lève la main sur un enfant, plus il devient agressif ". À bas donc les petites claques, tapes et fessées considérées désormais comme " attentatoires à la dignité de l'enfant ". Olivier Maurel, auteur de "La Fessée" estime aussi qu’une loi est indispensable parce que " Les châtiments corporels sont dangereux pour les enfants. A court terme, ils tuent des milliers d'enfants par an (…) c'est une erreur de dire que la fessée ne tue pas, elle instaure un lien de rupture entre parents et enfants. "

Et il n’hésite pas à ouvrir la boîte de Pandore de son encyclopédie médicale en essayant de convaincre son public de la gravité de la situation par divers sophismes comme la généralisation excessive, la confusion des preuves ou l’appel à la terreur : " Conséquences de la violence [dont la fessée y fait partie selon l’auteur] sur la santé de l'enfant [sont] : Alcoolisme et toxicomanie, déficience intellectuelle, délinquance, violence et prises de risques, dépression et angoisse, retards de développement, troubles de l'alimentation et du sommeil, sentiment de honte et de culpabilité, hyperactivité, mauvaises relations, mauvais résultats scolaires, piètre estime de soi, trouble de stress post-traumatique, troubles psychosomatiques, comportements suicidaires et automutilation. ".

Il s'agit en conséquence, pour les partisans de la sanction, de faire interdire par une nouvelle loi une forme concrète de la violence – la fessée, comme étant aussi une expression de la brutalité physique exercée sur les enfants. Cependant ce n’est pas la codification qui leur fait défaut. Le code pénal, dans son article 222-13, punit les violences sur les moins de 15 ans qui n'ont entraîné aucune incapacité de travail. La sanction encourue est de 3 années de prison et de 45 000 € d'amende. Et elle passe à 5 ans de prison et 75 000 € d'amende quand ces violences sont habituelles - l'article 222-14 du même code. Egalement la convention internationale sur les droits de l'enfant (CIDE), en vigueur en France, impose aux pays adhérents qu’ils prennent des mesures pour protéger les enfants contre " toutes formes de violences ". Or, pourquoi une nouvelle loi si la fessée est si évident comme forme d’agression physique comme le soutient ses supporters ?

Les adeptes de l’interdiction vont nous arguer que leur raison de vouloir prohiber la fessée c'est, d'une part, d'imposer aux adultes de rechercher dans la communication le moyen de dénouer le conflit avec leur progéniture, et d’autre part, de faire passer le message aux enfants que les conflits dont ils font objets ne se résolvent pas par la violence. Cependant cette argumentation repose sur des a priori - elle suppose une capacité et une volonté de l’enfant d’entrer en communication avec ses parents, ainsi que d’être en mesure de juges objectivement leurs actes.

Criminaliser le comportement d’un parent envers son enfant signifierait surtout de le faire sortir de son contexte naturel et de le placer sur le plan des relations purement individuelles et égalitaires à la portée que des adultes majeurs. Dans ce cas les explications du comportement "déviant" d’un parent causé par ses faiblesses humaines comme la fatigue, le mal être personnel ou l’exaspération, ne vaudraient plus que celles par lesquelles s’explique la violence conjugale. Pourtant dans l’un de cas joue le principe de subsidiarité, dans l’autre, celui d’équité.

Dans l’absolu il est toujours possible d'agir autrement et donc considérer que le coup sur un enfant n'est pas l’unique issue. Mais qui a la meilleure posture pour en juger ? L’État et les services sociaux (les SS), une construction purement conventionnelle qui agit souvent dans son propre intérêt corporatif, ou les parents, même maladroits (mais dans ce cas leur comportement est compréhensible et donc excusable), qui sont naturellement habilités d’être les premiers décideurs pour leurs enfants dont la conduite a été établi au fil des millions d’années d’évolution ?

Il faut rappeler que l’éducation dès le plus jeune âge de l’enfant est un devoir des parents. La sanction, tout comme la récompense, qui l’encadre pendant que sa raison n’est pas encore mature, est un droit reconnu aux parents et il relève de la coutume, sans aucune mesure commune avec des violences pénalement réprimées. Prétendre autrement signifierait qu’on se croit supérieure à la nature, qu’on l’ignore l’expérience des ancêtres, et qu’on s’octroie le droit divine de décréter ce qui et bien ou mal - un comportement qui malheureusement n’est pas étranger aux juges français.

Il est vrai que si on compare d’emblée tous les " coups de mains ou de verges données sur les fesses " à de " violences physiques exercées sur le corps d'un enfant ", comme se fait dans le projet de la loi, il ne va pas rester grande chose à discuter. C’est comme si on décréterait toutes les pénétrations douloureuses dans l’acte sexuel consenti, comme "violence physique" car dû à un comportement fautif. Autrement dit, on est en face d’une représentation constructiviste typique pour la doctrine cogitée de la justice française - nos représentations ne sont que le produit de notre entendement humain et non pas le reflet exact de la réalité.

Je ne vois pas au nom de quoi la fessée - une correction physique très légère et symbolique qui ramène un petit enfant qui s’obstine à écouter à la règle - doit être sans aucun discernement attachée à la violence, comme s’il s’agissait de battre (frapper à plusieurs reprises, rouer de coups, tabasser, cogner, gifler) quelqu’un. Il faut être naïf ou ignorant de tout ce qu’enseigne la psychanalyse pour ne pas admettre que par son caprice l’enfant s’oppose d’une façon naturelle à l’autorité de ses parents et aucune pédagogie, aucun dialogue n’est peut surmonter cet instinct qui le pousse d’imposer (de construire par la défiance) sa personnalité en passant outre la réflexion trop pauvre, à ce moment de sa vie, pour être utiliser efficacement.

La mémoire d’une fessée est nulle, d’autant plus que c’est une réaction que l’enfant provoque consciemment (les hurlements, les caprices, les larmes qui jaillissent sur commande). La tape est un signe d'autorité que l'enfant comprend aisément tandis que les mots d’obéissance, en apparence sans contrainte mais peu compréhensibles en ce moment d'obstination, imposés par le parent cassent sa volonté. Blessants, sous le coup de la colère, ils pourraient causer beaucoup plus de mal qu’une petite fessée en restant à jamais gravés comme une humiliation notamment lors de sa construction.

Incriminer la fessée ne fait que le jeu des SS qu’ils vont profiter pleinement de cette occasion pour s’immiscer d’une manière encore plus aberrante à la vie de parents considérés comme des malades qu'il conviendrait d'assister pour réparer leurs erreurs éducatives. La généralisation du concept d’enfant intouchable est une possibilité catastrophique qui va produire (c’est déjà le cas dans nombreuses écoles) des êtres violents enclins uniquement à leur égo dont le comportement à son tour va élargir le champ d’action des SS. Ce sera une spirale d’ingérence des services abominable sans aucune mesure commune, un délire étatique de type totalitaire, une vraie paranoïa institutionnelle genre Orwell revisité.

Comme le remarque Martine Brousse, présidente de l'association "La voix de l'enfant" le gouvernement se trompe de cheval de bataille : " On est de plus en plus dans le répressif. On est en train d'enlever petit à petit l'autorité des parents sur leurs enfants. Il ne faut pas confondre éducation et maltraitance ". – une opinion qui partage également notre association "CEDIF".

Poursuivre dans cette voie conduit à l'absurdité. Un jour on risquerait de se poser même la question d'interdiction du câlin pour être sur que ce n’est pas une caresse malsaine ou un attouchement dissimulé. Actuellement 82 % des français sont pour les fessées aux enfants (Selon l'enquête de Dimanche Ouest France, ils sont 45 % (62 % de droite et 38 % de gauche) à penser qu'il faut l'utiliser " car cela apprend à l'enfant le respect de l'autorité ".) et ils savent mieux que les eurocrates, en proie de l’ingénierie sociale, ce qui est bon pour eux.

Il est fort regrettable que suite aux nombreuses années de dilution sous pressions syndicalistes et corporatistes des frontières idéologiques en France des députés de droite sont prêts à entrer dans ce "jeu de dupe" fessé qui ne profitent qu’aux SS. Alors que le problème est à l’opposé – l’implosion, sous des pressions diverses et variées mais surtout sociales, de l’autorité parentale dont le manque a instauré la conception néfaste de l’enfant roi.

Boris Tanusheff

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