mardi 29 mars 2011

Drame de la récidive

Que vaut la décision d'un magistrat ?

(Le juge béthunois Pierre Pichoff dort en prison)


LA VOIX DU NORD : " Comme le procureur de la République de Lille l'avait requis, Pierre Pichoff a été placé en détention hier, après avoir été mis en examen pour corruption passive, tentative d'escroquerie et trafic d'influence. Un soupçon très lourd, pour un magistrat, dans le cadre d'une affaire qui ne fait que commencer. " (21.01.2011)


L'office béthunois des juges
C’est encore un drame de la récidive qui semble toucher le Nord, en effet Pierre Pichoff, vice-président du tribunal de grande instance de Troyes jusqu’en 1997, avait été mis en cause pour des « arrangements entre amis » et sanctionné alors par le Conseil Supérieur de la Magistrature par une peine de prison. Ah non, excusez moi, les magistrats ne sont pas des justiciables comme vous et moi. Non, il avait été muté dans le Nord, à la façon "Bienvenue chez les Ch’tis".

Enfin bienvenue chez Gérard Dalongeville surtout, maire socialiste destitué d’Hénin Baumont. Pierre Pichoff, donc devenu juge, puis vice président du tribunal de grande instance de Béthune semble avoir de gros ennuis suite à la chute du maire. Oui, il se retrouve en garde à vue à la brigade financière puis en détention provisoire sous le chef de corruption, trafic d’influence et escroquerie. Il encourt 150 000 euros d’amende et 10 ans de prison pour ce qu’il aurait très concrètement monnayé des jugements complaisants et influencé en fonction de ses intérêts les décisions d’autres magistrats.

L’affaire a débuté suite à des accusations précises dans des courriers anonymes mettant en cause plusieurs magistrats du tribunal de Béthune pour des faits de corruption en relation avec les malversations opérées par … Gérard Dalongeville. Evidemment l’avocat du juge dément tout lien avec l’ancien maire, on le croit très fort même si l’arrestation de Pichoff coïncide avec celle d’un proche de l’ex maire, Guy Mollet, eh oui il est vivant parmi nous.

Maître Wallerand de Saint Just, avocat de Marine Le Pen, est beaucoup moins péremptoire, il parle d’un certain nombre d’anomalies quand la justice était rendue par Pichoff, notamment de partialité dans les affaires opposant l’équipe de l’ancien maire corrompu et le candidat du FN. Celui-ci d’ailleurs parle de scandales politico-judiciaires dans le Nord-Pas-de-Calais, d’autant qu’un élu socialiste d’un ville voisine est aussi mis en examen. Il dénonce encore le classement systématique de ses plaintes, ce qui met en cause également les services du procureur.

Au-delà des règlements de compte politique, toujours intéressants, c’est aux justiciables qu’il faut s’intéresser. Va-t-on revoir les affaires jugées par Pichoff en commençant par celles de complaisance ou l’autorité de la chose jugée s’applique-t-il avec tous les doutes portés sur l’impartialité du juge ? Si c’est cette dernière alternative qui s’impose alors que vaut la décision d’un magistrat ?

Xavier Collet
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