jeudi 24 mars 2011

Justice / Référendum

Appel de Philippe Schmitt, le père d'Anne-Lorraine 

Référendum sur la justice


Le matin du 25 novembre 2007, j’attendais ma fille Anne-Lorraine sur le pont qui surplombe les voies à la gare de la Borne Blanche, dans l’Oise. J’étais impatient de la retrouver parce que je ne l’avais pas vue depuis trois semaines. Mais quand le train [RER D] de 10 h 30 est arrivé, Anne-Lorraine n’est pas descendue. (extrait)

Anne-Lorraine
Ce souvenir me hantera jusqu’à ma mort. Car j’ai appris plus tard que ma fille était bien dans le premier wagon, mourante, incapable de crier au secours. Elle avait reçu trente-quatre coups de couteau d’un homme qui sortait de prison, pour avoir commis un viol quasiment au même endroit en 1995.

En tant que parent ou grand-parent, vous pouvez imaginer le nombre de nuits où ma femme Élisabeth et moi avons revécu, en cauchemar, la scène qui a eu lieu dans ce train, ce jour-là. Anne-Lorraine était l’aînée de nos cinq enfants. C’était une vraie battante. Elle voulait devenir journaliste et s’était donné tous les moyens pour réaliser son rêve. Elle ne se plaignait jamais, elle était toujours riante, toujours de bonne humeur. Sa perte est irréparable.

Mais le jour de son enterrement, Élisabeth et moi nous sommes engagés à ce que son sacrifice ne soit pas vain.

Une année s’est écoulée. Nous avons étudié la question en profondeur et nous sommes aujourd’hui certains que les pouvoirs publics pourraient prendre des mesures pour empêcher que des centaines d’autres femmes et enfants subissent le même martyre.

Mais encore faut-il qu’une forte demande se manifeste de la part des citoyens comme vous.

C’est pourquoi je vous écris cette lettre. Élisabeth et moi vous demandons de participer au Référendum sur la justice. Il faut que vous sachiez que, pour les parents des victimes de criminels, l’horreur ne s’arrête pas le jour de l’enterrement. Le véritable calvaire commence quand vous réalisez que justice ne pourra que très difficilement être rendue.

Quels que soient les souffrances, les tortures, les actes de barbarie que votre enfant a subis, notre système judiciaire ne permet quasiment plus de donner une juste peine au coupable. (…)

Pierre Bodein, condamné à 30 ans de réclusion criminelle en 1994, s’est ainsi retrouvé en liberté dès 2004, ce qui lui a permis de torturer et d’assassiner Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, Julie Scharsch, 14 ans, et Hedwige Vallée, avant d’être rattrapé.

Guy Georges n’a été condamné qu’à une année de prison, après une agression sanglante au couteau sur une jeune femme, alors qu’il avait déjà quatre tentatives de meurtre derrière lui. A sa sortie, il a donc pu recommencer, violer et assassiner sept jeunes filles.

Michel Fourniret a été condamné à cinq ans de prison pour une dizaine de viols sur mineurs. Sorti après 3 ans seulement, il a pu commettre huit viols et assassinats supplémentaires.

Francis Heaulme a également eu maille à partir des dizaines de fois avec la Police et la Justice, avant que son cas ne soit considéré comme assez grave pour mériter 30 ans de prison. Mais entre temps, il avait commis 9 meurtres.

Francis Evrard, condamné trois fois pour pédophilie, a été relâché en juillet 2007, ce qui lui a permis presque immédiatement d’enlever Enis, un petit garçon de 5 ans. Il a ensuite évoqué« une quarantaine d’enfants ». Mais le magistrat qui l’avait libéré avait lui aussi agi en toute légalité.

Prison avec sursis, remises de peine, libération conditionnelle, semi-liberté, amnisties, liberté surveillée, et, depuis peu, bracelet électronique et même "prison hors les murs" (!!!), tout est fait pour diminuer les peines d’emprisonnement.

Malgré la récente loi sur la « rétention de sûreté », le nombre de remises de peine et de libérations anticipées a augmenté de 34 % entre 2007 et 2008.

Pourtant, n’y a-t-il pas au moins une certaine catégorie de criminels que l’on pourrait définitivement écarter de la société ? Qui a intérêt à ce qu’on relâche les violeurs et les assassins, quand on sait que le nombre de viols et de meurtres avec actes de barbarie a déjà augmenté de 200 % depuis 1981 ?

Mais regardons les choses en face : les citoyens concernés comme vous et moi, ont-ils fait tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher les pouvoirs publics de relâcher des criminels dangereux ? Quand leur avons-nous exprimé concrètement notre révolte pour la dernière fois ? (…)

D’avance, je vous remercie de tout ce que vous pourrez faire pour soutenir notre mouvement. Faites-le pour ma fille Anne-Lorraine, pour toutes les jeunes filles qui se sont fait assassiner comme elle et, plus important encore, pour toutes les futures victimes que nous protégerons grâce à notre action.

Philippe Schmitt

P.S. : merci de transférer cet article à tous vos amis.
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Le 27 mars 2010, Philippe Schmitt, alors président du comité de parrainage de l'Institut Pour la Justice (IPJ), a rendu public le communiqué suivant :

L’été 2008, nous avons accepté de nous associer au combat mené par l’Institut pour la justice récemment créé pour promouvoir une justice plus équitable et lutter contre ses dysfonctionnements.

Grâce à votre soutien, nous avons contribué à mobiliser plus de 160 000 sympathisants et à faire de cette association un acteur incontournable dans le débat sur la Justice dans notre pays.

Cependant, dès le début nous avons émis des réserves fondamentales sur le fonctionnement de cette association. Nous avons fait des propositions concrètes. Nous n’avons pas été écoutés.

Par conséquent, en notre âme et conscience, nous avons décidé après une longue réflexion de cesser toute collaboration avec cette association.

Nous avons tenu à en informer tous ceux qui nous soutiennent. Nous restons à votre disposition pour vous expliquer de façon plus détaillée nos objections.

Elisabeth et Philippe Schmitt
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P.S. l'IPJ et des associations proches ont fait l'objet de critiques dans des milieux catholiques, ainsi que par SOS Justice :

" Nous cherchons à faire réfléchir sur un mode d’action qui ne semble pas en rapport avec les objectifs visés par certaines associations. C’est particulièrement le cas quand on fait appel à la générosité du public sous une forme ou sous une autre. Toute association "à but non lucratif" faisant des appels de fonds importants se doit d’être absolument transparente sur les questions financières et d’être "comptable" de l’utilisation de ces fonds. Cette étude est aussi un projet de conférence que je compte faire à des étudiants.

Nous allons étudier un vrai cas d’école : Cela fait maintenant plus de 10 ans que nous voyons fleurir en France de nombreuses associations qui lèvent de plus en plus de fonds "à l'américaine" pour faire vivre des activités aussi diverses que : (…) - La dénonciation du laxisme Judiciaire ("L'Institut pour la Justice" une nouvelle activité qui fait parler d’elle en raison de l’assassinat horrible d’Anne-Lorraine Schmitt) Etc. … "

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